École nomade
D’où viennent les Nations aborigènes du Canada mentionnées dans mon roman le chant du tambour, l’arbre turquoise et, prochainement, cap exil ?
Les Nations aborigènes, en luge ou en radeau ?
Les indigènes sont-ils venus d’Asie en toboggan ou en canoë ? Ou bien, tout simplement en raquettes depuis leurs grottes américaines ?
Je me souviens avoir lu dans un livre écrit par Archie Fire Lame Deer, un chef lakota, que ces théories des Blancs visaient à justifier la colonisation, en démontrant que les autochtones ne venaient eux-mêmes pas de là. Selon les archéologues, les Amérindiens, tels les Algonquins et les Inuits, ne sont pas tous arrivés d’Asie du Nord-Est ou de la Mongolie. Certains d’entre eux seraient venus, en plusieurs vagues d’immigrations, par l’Alaska (détroit de Béring et archipel des Aléoutiennes) en canoë ou sur la glace ; d’autres par le Pacifique, en radeau. Ces derniers seraient donc issus des régions d’Asie du Sud. Quoi qu’il en soit, ils sont présents au Canada depuis au moins 13 200 ans (traces de pas en Colombie-Britannique.)
En toboggan
Des populations importantes sont venues du Nord par le pont terrestre reliant la Sibérie à l’Alaska, durant l’époque glacière. Des indigènes étaient déjà présents au Chili, en Oregon et en Floride.
En canoë
Certains aborigènes seraient venus, il y a quinze ou seize mille ans, en bateau en longeant la côte Ouest alors libre de glace. Cette hypothèse est contredite par l’absence de traces humaines du fait de la montée des glaces ou de la croûte terrestre (la plaque tectonique océanique s’enfonçant alors sous la plaque continentale.) En revanche, le niveau de la mer sur la côte Est est resté relativement stable depuis cette époque. Des humains ont laissé leurs traces de pieds dans la glaise en Colombie-Britannique. Ils y seraient parvenus en canot. Il y a douze mille ans, des Nations habitaient au Québec. Ils y chassaient le caribou.
Les Nations aborigènes du Canada :génétique
La science révèle un lignage commun aux Nations autochtones, d’origine ancestralement asiatique qui s’est dispersé en Amérique. Certains sont venus par le Nord. Au Yukon, des hommes dépeçaient des chevaux et des caribous entre douze et vingt-quatre mille ans. Ils se seraient dispersés au Sud lors de la création d’un corridor libéré des glaces à l’est des Rocheuses. D’autres populations seraient également venues par la côte. C’est plus tard , dix mille ans après, que d’autres Nations ont peuplé le Nord canadien. Le premier groupe a aujourd’hui disparu ; le deuxième constitue la Nation inuite. Les Inuits actuels se réfèrent à une autre origine, de langue et de coutume différentes. Quand ils sont arrivés au Groenland, des indigènes d’origine européenne y habitaient déjà.
Les gardiens
Les Premières Nations du Canada, gardiens des terres, des eaux et des glaces, en première ligne pour nous aider à lutter contre les déséquilibres climatiques, sont présentes au Canada depuis des temps immémoriaux. Sans doute avant la colonisation sibérienne. Des dizaines de milliers avant les Vikings des années mille. Ces nomades, chasseurs-pêcheurs, sont devenus par endroit des agriculteurs. Ils ont chassé les Vikings originaires de Scandinavie.
Ils ont peut-être vu l’explorateur John Cabot avant de rencontrer, moins d’un siècle plus tard, le Français Jacques Cartier au bord du Saint-Laurent, alors qu’il était à la recherche d’un passage vers l’océan oriental. Ce dernier passa outre les résistances indigènes et revendiqua le large territoire du Canada (ou Kanata), de 10 millions de km², comme propriété royale de France. Le territoire fut le théâtre des guerres de convoitise des empires britanniques et français. Des conflits qui les a divisés plus que jamais. Les Amérindiens se regroupent en de multiples tribus luttant entre elles pour agrandir leur territoire de chasse.
Les Nations aborigènes du Canada : le chant
Quelle est la place du chant chez les Nations aborigènes d’Amérique du Nord ?
La médecine, les prophéties, les danses et les chants, le cœur de la terre, sont présents dans mon roman le chant du tambour. je partage ici ce qui habite le cœur de ces Nations: le chant.
Chaque jour débute par un chant. Avec la danse, il accompagne l’existence des humains. De tout temps, les femmes et les hommes ont fait vibrer leurs cordes vocales de chants religieux, communautaires, guerriers, de guérison et de deuil. Des chansons à l’unisson, des heures ou des jours durant. Pour exprimer la spiritualité, elles et ils contaient leurs songes ou visions, remerciaient les esprits des dons de la Mère. Pour souder le clan, elles et ils animaient les fêtes, jeux ou évènements par des paroles de joie. Le feu rassemblait les guerriers autour des légendes, exploits, désir de vengeance ou de conquête. Au retour des raids, les chansons accompagnaient les captifs dans leur mort et les vainqueurs dans la paix. Les mères berçaient de leur voix les enfants, au long des jours et des nuits.
Berceuse
Ani couni chaouani (en phonétique) est un chant, berceuse ou prière, revendiqué par les Nations amérindiennes. Il semble qu’elle soit d’origine arapahos, puis iroquoise.
Ani couni chaounani bis
Awawa bikana bis
E aouni bissini bis
Il existe au moins deux traductions
Mon père, aie pitié de moi bis, car je meurs de soif. Tout a disparu – plus rien pour manger.
Ou:
Quand le soir descend au village indien, le sorcier apparaît dans la vallée. Et le voilà qui arrive !
Cérémonies
Lors des Powwows, des hommes s’installent autour d’un grand tambour. Les vibrations de la caisse, le sifflement des flûtes, le tintement des clochettes des danseurs et les sons des chanteurs donnent vie à la cérémonie.
Les Nations aborigènes du Canada : spiritualité
Pour l’Amérindien, le chant naît d’une vision, d’un message de son esprit-gardien, animal ou autre, qui lui donne en même temps son pouvoir. Tous les éléments ont leur propre chant. Ce chant personnel reste discret pour celui qui le reçoit ; le dévoiler équivaudrait à manquer de respect à la société. Seuls les enfants ont accès à ce secret. En cas de nécessité, le bénéficiaire peut cependant révéler le pouvoir transmis par le chant, pour sa survie ou le bien de la communauté. Parfois, les anciens communiquent leur chant-pouvoir ou celui d’un défunt. Ou bien lors des récits sur les exploits d’un guerrier ; il est alors parodié pour amplifier les actes héroïques du protagoniste.
Prière
Nous rendons grâces à notre mère la terre, qui nous soutient. Aux rivières et aux ruisseaux qui nous donnent l’eau. À toutes les plantes qui nous donnent les remèdes contre nos maladies. Au maïs et à ses sœurs les fèves et les courges, qui nous donnent la vie. Aux haies et aux arbres qui nous donnent leurs fruits. Au vent qui remue l’air et chasse les maladies.
À la lune et aux étoiles qui nous ont donné leur clarté après le départ du Soleil. À notre grand-père Hé-no, pour avoir protégé ses petits-enfants des sorcières et des reptiles, et nous avoir donné sa pluie. Au Soleil qui a regardé la terre d’un œil bienfaisant. Enfin au Grand Esprit en qui s’incarne toute bonté et qui mène toutes choses pour le bien de ses enfants.
Chant iroquois
Grand-Père, Regarde comme nous sommes fragiles
Nous savons que dans toute la création seule la famille des hommes s’est écartée du chemin sacré. Que nous sommes divisés et que nous devons nous rassembler pour avancer dans le chemin sacré. Grand-Père, Très Saint, apprends-nous l’amour, la compassion, l’honneur. Pour que nous puissions guérir la terre et nous guérir mutuellement.
Ô eau, le long des méandres étroits du torrent. Là ou tu frappes le plus fort. Où tu t’enroules le plus. Entre les mousses suintantes, fait que chaque impureté qui nous entravent soit balayée.
La plume du corbeau est plume de mort.
Elle endort mon ennemi.
O plume du corbeau bis.
La plume du geai est plume de vie.
Elle éveille mon esprit.
O plume du geai bis.
La plume de la grue est plume de paix.
Elle transforme l’ennemi intime qui est en moi.
O plume de grue bis.